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A l'heure de la crise des déchets : Le tri, ça marche !


Vanina Bruna le Vendredi 4 Mai 2018 à 14:18

La crise des déchets ne finit pas de rebondir mais si les poubelles débordent et il faut bien se rendre à l'évidence que la majorité des déchets qui jonchent les trottoirs pourraient faire l'objet d'unt ri sélectif et être valorisés. De quoi ont donc besoin les citoyens pour se mettre au tri ? Les rumeurs vont bon train sur les réseaux sociaux, les déchets triés serait selon certains, mélangés en fin de circuit … A défaut de trier les ordures, nous avons choisi de trier l'information en suivant le circuit des déchets recyclables.



Le tri sélectif : un système gagnant gagnant

Sur la quarantaine de véhicules dont dispose la CAPA tous flux confondus, un tiers est consacré à la collecte des déchets valorisables. Si la compétence du traitement des déchets revient au SYVADEC, la collecte et le tri sont l'affaire de la CAPA.
Chaque matin, dès 5 heures, du lundi au samedi, les agents de la CAPA prennent le volant pour transporter chaque déchet vers une destination bien précise. Verres, emballages, cartons : à chaque catégorie de déchets son camion et sa destination.
Pour le verre et le carton, le papier, destination Corse Euro déchets. Après la pesée du camion, ou chaque catégorie de déchets sera stockée, compressée, puis quittera l’île en bateau pour être revalorisé dans différents centre de traitement continentaux.
Papier et cartons, transformés en papiers hygiéniques, feuilles recyclés, cahiers, cartons. Le verre recyclé permettrait de revendre les bouteilles quatre centimes, contre douze centimes pour du verre non recyclé.
Les emballages quant à eux, seront amenés sur le site de Rocca Environnement, ainsi que les métaux, les pneus qui seront eux aussi valorisés, toujours par voie maritime vers des centres de traitements spécialisés sur le continent.
Non seulement, ce système ne coûte pas un euro à la CAPA, mais il lui a permis de percevoir pour la seule année 2017, 700 000 euros de rétrocommission pour revalorisation des déchets ; 11 090 tonnes de déchets valorisés, contre 6 600 seulement en 2015.


La CAPA et la CTC vers un objectif commun : le tri systématique

Depuis 2015, les points de collecte ont été doublés et on en compte aujourd'hui 550 sur la communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien.  Les tournées  au "porte à porte" ont été instaurées dans certains quartiers et dès la semaine prochaine de nouveaux bacs de récoltes des emballages seront mis à disposition des lotissements.
Pour Franck Maillat, responsable des moyens transversaux à la CAPA, « l'usine de tri biomécanique représente la meilleur solution à moyen terme, mais les procédures sont longues et nous avons besoin d'une solution rapide. Le SYVADEC doit prendre ses responsabilités et trouver une solution. ».
Si une issue provisoire semble se dessiner aujourd'hui avec la réouverture provisoire du centre de Viggianello, à la suite d'une réunion entre le président de l'Exécutif Gilles Simeoni, le directeur du Syvadec et le responsable de la zone d enfouissement de Viggianello, Gilles Simeoni n'en a pas moins insitsé sur « l'effort très direct, très important très significatif, sur le tri à la source, le tri au porte à porte. L'objectif c'est de se doter d'un plan qui en un an, va permette véritablement la généralisation de ce tri »


Francois Filoni: « Les gens se polluent eux mêmes »

Si les politiques doivent prendre leur responsabilité, cela ne décharge pas pour autant les citoyens des leurs.
Pour Francois Filoni, « les gens se polluent eux mêmes ».
Pour exemple, la résidence des terrasses du Parc où le président de la copropriété ne cache pas son désarroi et son impuissance. Dans cette zone, les agents de la CAPA ne peuvent même plus procéder à la récolte du peu de déchets qui ont été triés. S
elon François Filoni,
« il est indispensable d'imposer aux promoteurs immobiliers d'aménager des locaux techniques dans les nouvelles constructions, en prévoyant des routes d'accès pour les camions de récolte. Nous avons fait voter un texte dans ce sens inscrit au PLU qui obligera les promoteurs à prévoir la collecte des déchets à la source. C'est révolutionnaire ! Parce que chacun doit prendre ses responsabilités à son niveau. »
Si pour Jean Jacques Sanchez, directeur de l'environnement à la CAPA, nous avons progressé dans nos pratiques du tri de 30% en 2 ans, l'objectif reste de « trier le plus possible, le plus vite possible. ».
Pour lui "c'est « la théorie du colibri », avant de penser à recycler, il faut penser à ne pas produirele déchet, en adoptant une consommation responsable : le moins d'emballage avec le moins de nocivité ." 
Quant à la responsabilité des politiques, il rétorque, logiquement « le politique est chacun d'entre nous. »


De la theorie à la pratique

Si les différents acteurs semblent s'accorder sur un objectif commun de tri systématique, les mentalités mettent du temps à bouger. L'augmentation spectaculaire de 30% en 2 ans ne suffit pas pour le moment à envisager un avenir pérenne pour la gestion des déchets. Faudra t il envisager « une police des poubelles » pour que la population s'implique davantage dans l avenir de l'ile ?

En ce sens Francois Filoni nous annonce l'embauche de quatre policiers environnementaux pour des sanctions allant de 35 à 1500 euros. Pour la seule année 2017, ce sont pas moins de 800 contraventions qui ont été dressées par les services de police municipale, contre 30 l'année précédente, elles devraient atteindre le millier cette année.
Au final, pour quelques contraintes de tri, non seulement une grande partie du traitement des déchets ne coûterait pas un sou à la collectivité, mais en rapporterait ! En effet pour une tonne de déchet non valorisable, le montant de traitement s’élève à 250 euros, il passe à 380 en cas d'erreur de tri et de refus de traitement par les eco organismes. Pour chaque tonne de déchet valorisable, le prélèvement à la source permet à la CAPA de récupérer une rétrocommission financé par l'achat de matière par les industriels.
A croire que l'avenir de la planète et la transmission aux générations futures ne suffisent pas à convaincre. Ni la diminution des taxes d'ordures ménagères, ni la satisfaction d'apporter chacun à son niveau, sa pierre à l'édifice.
En attendant la suite, 550 bornes de tri sont à votre disposition, en espérant que les colibris remplaceront rapidement les corneilles, les mouettes et les rats qui rodent autour des poubelles.